jeudi 14 mai 2009

ALL TOMORROW'S PARTIES - JESUS LIZARD - 8/10 MAI 2009

Par Papa Jazzy


Cedge + Flo + Kush



Ne me demandez pas comment on s'est démerdé pour rentrer gratos au festival All Tomorrow’s Parties. C'est un secret. Mais je peux vous dire qu’on s’est bien creusé la tête pour monter notre coup, et ça a marché. Déjouer la sécu (et faire une économie substantielle de 160 livres par tête de pipe) c’est malhonnête, ok, rien à branler. Le truc, c'est que ça rajoute de l'excitation à un festival déjà tripant à la base. Même si de l'aveu des habitués, c'était pas la meilleure édition...

L'ATP se tient trois fois par an en Angleterre, sur le principe d'un ou deux groupes invités en charge de la programmation. Pour cette édition, c'est Jesus Lizard et les fans d'ATP qui font du covoiturage artistique. Jesus Lizard qui signe son retour en grande pompe après 10 ans d'absence. Cool.


Mae Shi


L'ATP se déroule depuis peu à Minehead (Somerset), dans un énorme VVF pour beaufs anglais réquisitionné le temps d'un weekend par des hordes d'indie kids "trendy" qui viennent couper court à la vie plan-plan et se la mettre sévère. L'ATP est un concept global qui tient en trois lettres, une marque déposées sur toutes les lèvres. On y vient louer un chalet entre potes et voir des concerts (d'où le prix exorbitant), contraint de rester sur place, certes, mais avec toutes les commodités : restaurants, supermarchés, salles de jeux, pistoche, etc.



Devo-lution



Bref, la vie de château, à condition bien sûr d’être un "régulier". Impossible pour nous de profiter pleinement de tous les avantages, du fait de notre statut de "non officiel". Nous, c'est Cédric, Kush, et Papa Jazzy (2 bristolians + 1 bordelais).


Pas de quoi se plaindre ceci-dit, cette vie de bohème fera finalement tout l'intérêt du festoche : errer de chalet en chalet, faute d'un véritable endroit où se poser, ce qui implique de rencontrer un maximum de gens – les anglais sont hyper accueillants. L’occasion aussi de boire comme des trous et de prendre un maximum de drogues (c'est un principe, je ne me drogue qu'en Angleterre, histoire de m'immerger dans la culture locale, ahahaha !!!).

Un terreau fertile pour des petites aventures délirantes dans les allés du VVF : conversations absurdes et amitiés foudroyantes, limbo parties improbables, football à 7h du mat’ et concerts improvisés. Pour exemple, les punk rockers de Bad Guys (groupe non-invité) se feront virer par la sécu après 5mn de set sauvage dans un jardin en pleine nuit, avant de réitérer l’exploit dans un chalet de 20 m2 plein à craquer (slams furieux de l’extérieur du chalet vers le salon via l’encadrement de la fenêtre).




Crazy horse



L'ATP, c'est surtout ça en fait, les fêtes de travers qui partent gentiment en couille. Car que retient-on des concerts officiels finalement ? Entre les loupés qu'on regrette encore (Devo, Andrew WK) et ceux qu'on aurait bien aimé éviter (Killing Joke, tous les trucs americana/neo-country à la Shearwater, Cave Singers, etc.)...

On retient quand même Jesus Lizard. En forme et manifestement contents d’être là, surtout le premier soir (ils joueront deux fois, tout comme Sleep). David Yow est toujours aussi malsain, toujours enclin à provoquer son public, toujours friand de stage diving musclé (il plonge littéralement dans la fosse).

Avec un petit côté sympa/alcoolo/blagueur, quand même :

"Quelle différence y a-t-il entre une Maserati et une érection ?" demande t-il.

"Je n’ai pas de Maserati".

Ahaha, sacré David ! Il tourne déjà à la Guiness quand on le croise le midi au pub. Ceci expliquant cela.




Jesus Lizard



On retient aussi Sleep. Autre reformation historique, le groupe stoner ultime avec des mecs de OM et High on Fire, pour deux concerts uniques. La rythmique est visuellement impressionnante, le son crado comme il faut, et le métal qui n’a jamais vraiment coulé dans mes veines m'envahit enfin. Il était temps.

On retient Mae Shi pour l'énergie foudroyante, combinaison de refrains ultra catchy et de structures toutes en ruptures. Des mecs venus les bras chargés de trucs et astuces pour communier avec leur public (déploiement d’un drapeau géant dans la fosse avec des mecs qui slamment par-dessus, ce genre de conneries). Le guitariste ne cesse de tourner dans la salle avec son micro HF. Beaucoup de boulot pour la sécu qui s’arracherait bien les cheveux s'il n'y avait pas que des gros mecs rasés.


Mae Shi


Mention spéciale également pour les tontons du rap d'Antipop Consortium, Chk Chk Chk, Spiritualized (sur trois morceaux), les métaleux d'Electric Wizard et le MC Edan qui passe des disques funky au Crazy Horse, un saloon qui fait également office de zone temporaire d’incubation (porte ouverte à toutes les fins de soirées secousses) avec un dancefloor qui dégénère au fil des nuits : danses frénétiques, pyramides humaines, destruction de chaise, acrobatie sur fauteuil roulant, éclats de vinasse sur les t-shirts et bières volatiles. Hilarant et toujours bon enfant, l’idée étant de pousser au maximum le délire jusqu’à l'intervention de la sécu (hyper alerte).


Crazy horse


Un jeu du chat et de la souris qui poussera une poignée de pochards dans des actes désespérés le dernier soir : piquer du cidre (sans grande discrétion) dans un supermarché encore ouvert à proximité du Crazy Horse. Ils se feront forcément choper, éconduis sous les acclamations de la troupe (des "big fat baby virgins" adressés au vigiles).


Les trouble-fêtes seront relâchés une heure plus tard, bannis à jamais de l’ATP (pas grave, ils reviendront sous un autre nom la prochaine fois, ahaha !!!). Un truc inimaginable en France, de quoi déclencher une émeute aussi sec. Là, c’est juste drôle, spontané, et ça se passe sans heurts. C'est mortel.


7h du mat' j'ai des frissons


Un dernier baroud d’honneur, une dernière bonne poilade avant de retourner à la vraie vie.


On se retrouve le lundi matin dans un no man’s land de chalets dévastés, en proies aux femmes de ménages qui s’activent. On a le dos en compote, les paupières lourdes, l’estomac défoncé par les excès et la bouffe de merde, l'alcool qui suinte par tous les pores et les burnes qui baignent dans le jus du slip qu'on a pas changé depuis longtemps. Cracra.


On comprend pas tout ce qui nous est arrivé, comme sonnés par tant de péripéties... On sait juste qu'on s'est bien marré et que ça valait le coup. Time to go.

http://www.atpfestival.com/






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